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L’or convoité et Bajo Cauca

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Photo Carlos Álvarez

Traduction Maria del Socorro Alzate S.

Depuis les années quatre-vingt, la région du Bajo Cauca a été l’épicentre de la production d’or dans le département d’Antioquia. Ces dernières années, la région est devenue le scénario de manifestations minières contre le gouvernement national qui vise à mettre fin à l’exploitation minière illégale ce qui porte atteinte  à l’exploitation minière  informelle. L’intervention des groupes armés, les extorsions millionnaires, les dommages environnementaux et les persécutions de l’État​​, sont quelques-unes des questions qui suscitent le débat.

L’Agence de presse IPC s‘est rendue dans la région pour faire un rapport spécial sur l’exploitation minière. Ce premier chapitre décrit comment des groupes illégaux essayent de profiter de l’or tant convoitée.

  • Les noms de différentes sources mentionnés ont été omis pour des raisons de sécurité.

 

L’intervention des groupes armés
(Premier Chapitre)

Composée par les  municipalités de Tarazá, Cáceres, Caucasia, Zaragoza, El Bagre et Nechi, la région du Bajo Cauca est située dans le nord-est d’Antioquia, entre les montagnes de San Lucas et Ayapel. La zone est traversée par les fleuves Cauca et Nechi et se compose de plaines et de montagnes qui offrent des climats chauds et tempérés, aptes à la pisciculture, l’élevage de bétail et l’agriculture du riz, du maïs, du sorgho et des fruits. Mais la première ligne de l’économie est occupée par les mines d’or.

Il est estimé qu’environ 80% de la population dans la région dépend économiquement de l’extraction de l’or. Selon les chiffres de la Confédération nationale des travailleurs des mines de Colombie (CONALMINERCOL), qui regroupe les chercheurs d’or, de charbon et de matériel de débris (material de arrastre), 25.000 familles subsistent uniquement de  l’éxtraction à petite et moyenne échelle.

Selon les informations de la Confédération et l’Association des mineurs de Bajo Cauca, dans la région il y a actuellement 1200  exploitations artisanales, qui génèrent environ 48.000 emplois directs et 2 tonnes d’or par mois. L’une des problématiques c’est que seulement 5% des producteurs ont un titre minier, alors que d’autres sont considérés comme des miniers informels.

Sans avoir aucun titre, ces miniers ont extrait traditionnellement  de l’or à petite et moyenne échelle. Aujourd’hui, ils se sentent persécutés par le gouvernement national puisqu’ils se trouvent au milieu des opérations contre l’exploitation illégale. Cette dernière est contrôlée par des groupes armés qui cherchent des ressources pour se financer ou des stratégies pour blanchir de l’argent illicite.

Le défi pour le gouvernement est de faire la distinction entre lexploitation minière traditionnelle et illégale. Aussi de poursuivre en justice cette dernière et officialiser la première. La plus grande difficulté est que les gangs criminels (BACRIM), les trafiquants de drogue et la guérilla sont impliqués dans les mines d’or et exercent un contrôle économique, social et  territoriale dans le Bajo Cauca.

Un fonctionnaire de Caucasia a indiqué que dans la région tout le monde etait au courant du fait que ces groupes vivent  du trafic de drogue et de l’extorsion. Donc, " ici, dans le  Bajo Cauca, dans les mines, chaque pelleteuse doit payer entre 5 et 10 millions de pesos par mois. "

Le président de CONARMINERCOL, Ramiro Guerrero Restrepo a dit que "la valeur de l’extorsion varie en fonction de la zone et du type d’exploitation . Ainsi, parfois on extorque  par machine ou  par l’extension de l’exploitation. C’est une  réalité qu’ils sont présents dans presque toutes les municipalités du Bajo Cauca, mais nous ne pouvons pas résoudre ce problème. Nous demandons au gouvernement national de nous fournir des garanties pour exercer notre activité et pour contrôler ces groupes. "

Le nombre total d’extorsions  est difficile à calculer, puisque selon Guerrero Restrepo, en plus des frais variables, les "gens prudemment restent silencieux parce que personne ne doit savoir qu’on paie des extorsions aux  groupes armés. Nous n’avons pas de chiffres exacts sur le montant payé pour ce concept. Je dis que, en moyenne, ils sont payés 3 millions de pesos par machine et si chacune des 1200 exploitations ont 3 machines, vous pouvez  imaginer … "

Dans le livre de L’informalité et l’illégalité dans les mines d’or et de bois à Antioquia, publié par des chercheurs de l’Université EAFIT avec le soutien de la Fundacion ideas por la paz, les auteurs ont établi que par l’extorsion  "des groupes illégaux peuvent recevoir tous les mois entre 650 et 3.450 millions de pesos, «ce qui représenterait entre 20% et 70%  du PIB minier (…). Le chantage oscille entre 1 et 5 millions de pesos par mois, par machine ou par exploitation dans des zones de faible production comme l’Ouest, et jusqu’au 10 millions dans les zones avec un rendement élevé comme le  Bajo Cauca et le Nord-Est ». [1]

En plus de  l’extorsion, les groupes illégaux  bénéficient de l’exploitation minière, de l’acquisition de machines et de l’achat d’or. Cela est la cause de la dispute pour les territoires miniers et la situation critique dans le  Bajo Cauca.

Les stratégies des groupes armés pour se financer de l’exploitation minière

L’histoire de l’exploitation minière  dans la région du Bajo Cauca a été étroitement liée à la dispute pour le territoire. Depuis les années quatre-vingt, lorsque dans la région lextraction de l’or s’est intensifiée, des phénomènes tels que le déplacement, la dépossession des terrains et la vente de terres à bas prix ont commencé à apparaître,  bénéficiant apparemment des propriétaires fonciers ou les sociétés minières. Ceci a été enregistré dans le projet «Reconstruction du capital social et citoyen», réalisé par le gouvernement d’Antioquia, le Conseil supérieur pour la réinsertion et l’Union européenne, dans les années 2009 et 2010.

Il y a des antécédents qui  datent de l’époque des paramilitaires, ils se sont appropriés des fermes avec des filons d’or dans le sud de Bolivar et d’une partie du Bajo Cauca. Un leader a déclaré que «les mineurs ont été déplacés par la violence. C’était la décennie 1995-2005. Combien de personnes ils ont tué? Macaco (un chef paramilitaire) s’est approprié de plusieurs mines dans le sud de Bolivar, dans une région riche qui est adjacent à San Martin de Loba, ainsi que de la mine Santa Cruz. " . Il a ajouté que « à ce moment-là, il y avait plus de facilités à obtenir des titres d’exploitation minière et les paramilitaires en ont profité. "

Aujourd’hui, l’intérêt des bandes criminelles en  seraient d’extraire l’or des terres laissées par les anciens chefs paramilitaires, Carlos Mario Jimenez, alias «Macaco», et Ramiro Vanoy, alias "Cuco Vanoy", a exprimé un leader social du Caucasia.

"Ils font exploiter leurs mines par des tiers. Mais comment ils trouvent ces mines? "Macaco" et "Cuco" ont laissé beaucoup de terres dans le Bajo Cauca, des terres qu’ ils ont pris par la violence ou achetés aux veuves. Étant donné que le gouvernement est en train de confisquer ces terres, ces messieurs des  BACRIM, savent où se trouvent ces terres alors ils se sont consacrés à y faire l’exploitation minière », a déclaré un leader de la communauté .

Un responsable du gouvernement de Cáceres (un village de la région) a dit que " les groupes illégaux ouvrent leurs propres mines et que personne d’autre ne peut le faire dans la région. Cependant, ils ont tendance à que ce soit des gens du même secteur qui travaillent ici. Ils ont également établi des règles pour le travail dans les mines qui existent actuellement. Règles telles que les restrictions sur l’utilisation des téléphones cellulaires ou des caméras dans les zones. "

La stratégie de bandes criminelles d’imposer des conditions dans les zones minières, commençait à se sentir plus rigoureusement il y a environ deux ans, a expliqué un dirigeant paysan de la région, qui a déclaré que "l’exploitation minière dans le  Bajo Cauca est une question complexe où convergent beaucoup d’intérêts.

BACRIM alliés et ennemis dangereux

«Dans l’industrie minière à moyenne échelle on trouve un mélange de propriétaires fonciers, commerçants en or,  paramilitaires et narcotrafiquants. Les narcotrafiquants et les paramilitaires comptent sur la complicité de la police et des forces armées. Ils décident et mettent en œuvre  les conditions de travail pour le personnel amené  de d’autres régions. Ils sont armés et fixent les conditions » a déclaré le leader paysan.

Cet homme a dit que « à Tarazá,  El Bagre et Cáceres, on achète ou loue la terre des paysans sous des menaces et ensuite on  les fait partir. Deux des districts les plus touchés par le déplacement sont les hameaux Oco Alto et San Agustin, dans la municipalité de Tarazá. "

Il a ajouté  que «les liens entre les miniers et les narcos résultent des accords économiques, c’est eux qui prêtent de l’argent, les personnes et les armes. Parce que parfois, l’entrepreneur minier a les machines, mais pas les personnes ni les armes. C’est une symbiose, ils parviennent ainsi à un accord. Ils sont capables de vider les régions rurales de ses habitants pour installer des  machines. "

À Cáceres un fonctionnaire a confirmé que le déplacement des personnes continue à être un problème mais que dans la plupart des cas les raisons sont inconnues. «Certains d’entre eux arrivent à se déclarer comme étant des déplacés, d’autres non. Cette année, on a compté à peu prés, sept cas, deux individuels et des familles. Nous ne savons pas pourquoi ils ont dû partir. Ce qu’ils  disent est «on nous a demandé de partir et nous partons‘, sans spécifier qui sont les acteurs et les raisons.

Selon le leader paysan la stratégie de l’illégalité pour s’approprier la terre commence par identifier les zones où il y a de l’or. "Étant donnée que les multinationales se sont installées sur les rives des fleuves Cauca et Nechi, les illégaux seraient en mouvement dans le territoire, en s’approchant des ruisseaux et des territoires proches. "

«Pour savoir où il y a de l’or, ils identifient les zones où les  paysans barequean (méthode traditionnel d’extraction d’or). Ils se présentent chez les paysans en leur demandant la location ou l’achat de leur terrain. Ils installent une machine, si elle fonctionne, ils en installent une ou deux autres de plus. Une fois installés les paysans deviennent inutiles. Après, les paramilitaires se placent à l’entrée des villages  et commencent à menacer les agriculteurs pour qu’ils acceptent de vendre leurs terres. Si ces derniers refusent de vendre, ce sont  les agents de police qui poussent les agriculteurs à le faire», a déclaré le leader paysan.

Selon ce leader, la manœuvre des groupes armés à louer la terre est une "nouvelle méthode et elle diffère de la stratégie utilisée par les paramilitaires dans la région d’Urabá, où la seule option était de vendre." Nous devons préciser que les mineurs artisanaux louent également des propriétés, mais cela se fait avec un accord entre l’entrepreneur et le paysan, et non par des menaces comme ces  groupes armés illégaux seraient en train de faire.

D’après les informations de la Municipalité régionale autonome d’Antioquia (CORANTIOQUIA), il y aurait 680 points de mines alluviales dans la région du Bajo Cauca, dont 480 seraient exploités par des mineurs informels et 200 par les FARC ou par les groupes "Los Rastrojos" et "Les Urabeños".

Selon l’étude réalisée par l’Université EAFIT et la Fondation Idées pour la paix, «l’exploitation illégale est directement liée à la nature informelle de l’industrie de l’or en Colombie. L’enquête a révélé que, dans Antioquia, 80% de l’or qui est produit, provient de sociétés qui ne sont pas légales. Mais en plus, cette façon d’exploiter  l’or est directement liée au caractère informelle de la propriété foncier dans le pays ». [2]

Le leader paysan a dénoncé que plusieurs situations illégales prévalent parce que apparemment, certains membres des forces de sécurité appuient les BACRIM et les trafiquants de drogue pour contrôler les zones où ceux-ci ont leurs mines. « Les paramilitaires  contrôlent à l’interne, là où se trouvent les travailleurs et les machines, et à l’externe l’armée lance des interventions qui  provoquent le déplacement des paysans. »

Mais alors que les BACRIM (gangs criminels) cherchent à intervenir dans les villages miniers à proximité des centres municipaux, la guérilla contrôle l’activité minière des terres éloignées, voir même dans la jungle.

Les conditions imposées par la guérilla

Dans les régions boisées du Bajo Cauca, près des Serranías de San Lucas et Ayapel, principalement dans les régions montagneuses de Tarazá, Cáceres, El Bagre et Nechi, les FARC imposent des conditions spécifiques aux mineurs qui osent s’aventurer à chercher de l’or.

Selon un rapport de l’Ombudsman (Defensoría del Pueblo), intitulé Minièrie de fait en Colombie, les groupes d’insurgés se financent grâce à l’extorsion des mines,  de la même façon que le font les gangs criminels, en demandant des paiements mensuels et en exigeant une partie de la production brute ou en taxant chaque machine.

Le rapport indique que «selon les chiffres de la Sexta Brigada de l’Armée Nationale dans la municipalité dAtaco, département de Tolima, la guerrilla des FARC recevait des revenus journalièrs de 120 millions de pesos pour une exploitation aurifère de fait, destinés à financer des activités terroristes dans le département » [1]

Également, en Novembre 2010, un groupe d’officiers de renseignement secrets de la police a découvert que les FARC contrôlaient 15 mines d’or dans le Sud de Bolivar et extorquaient 200 propriétaires de rétro excavatrices dans les municipalités de El Bagre et Nechi. L’information a été publiée par le journal El Espectador, qui a interviewé l’un des officiers.

L’article affirmait que la guérilla exigeait cinq millions de pesos à chaque mineur pour lui permettre de démarrer les opérations minières et trois millions de pesos pour  le temps qu’il restait sur le site. Selon le témoignage du militaire, "nous calculons que les FARC reçoivent environ $ 1.600 millions par an à cet effet. Sans parler des profits qu’ils en font de l’exploitation de leurs propres mines, d’où ils obtiennent de l’or de 24 carats. Chaque once peut coûter US $ 1240 sur le marché "[2]

Le président de CONARMINERCOL Ramiro Restrepo, a déclaré que présentement, il n’a aucune certitude que les guérilleros des FARC ou de l’ELN extorquent de fonds aux mineurs du Bajo Cauca, mais n’a pas écarté la possibilité que cela se produise. "Je ne dispose pas d’informations fiables qui me permettent de dire avec certitude, mais si elles (les guerrillas) sont présentes dans le territoire et mettent de la pression, ça doit être parce qu’ils ont un intérêt économique."

Pour sa part, le leader paysan de la région, a déclaré que "les groupes insurgés commencent à réglementer les activités de travail et sociales dans des zones situées plus à l’intérieur de la jungle ou des montagnes. Ils permettent au propriétaire des machines d’explorer un territoire en lui exigeant de ne pas contaminer l’eau et de remplir les trous causés par l’exploitation. L’accès à ces zones est interdit aux personnes qui ne sont pas de la zone. "Dans certains cas, par 8 jours de travail, les rebels exigent un jour de "travail communautaire", pour cultiver le manioc ou le banane plantain dans un terrain communautaire. "

Ces contrôles montrent la faible présence  de l’État dans les régions minières. Selon le rapport de l’Ombudsman (Defensoria del Pueblo), " dans la plupart de cas, le conflit dans les mines et aux  alentours, est du à la mauvaise gouvernance. Étant donnée que la majorité des mines de fait (ou informelle) a lieu dans des régions éloignées de la capitale, de l’attention des médias et des autorités minières et environnementales, les groupes hors la loi en profitent. Dans de nombreux cas, ils imposent aux mineurs locaux  leurs conditions et leur demandent de l’argent sous prétexte de leur offrir la sécurité  ». [3]

Une autre situation à laquelle profitent souvent les groupes clandestins, est le mauvais contrôle du gouvernement dans le commerce de l’or. L’achat et la contrebande du mineral seraient utilisés par les trafiquants de drogue et à l’époque par les paramilitaires pour légaliser des capitaux illicites.

L’affaire des narcos

Alors que les BACRIM et la guérrilla obtiennent des revenus principalement de l’extorsion et, dans certains cas, de l’exploitation aurifère, les trafiquants de drogue bénéficieraient de l’exploitation minière avec le blanchiment d’argent. L’affaire des narcos serait d’acheter de l’or ou des machines avec l’argent de la drogue, raison pour laquelle parfois ils utilisent  les mines de façade.

Dans le Bajo Cauca, la plupart du commerce des minéraux est fait avec l’achat d’or que les commerçants achètent aux petits et moyens mineurs, en déduisant le 6% pour les redevances. Par la suite, l’or peut être vendu en Colombie ou à l’étranger et à d’autres sociétés ou entreprises d’orfèvrerie.

Bien que dans toutes les municipalités du Bajo Cauca existent des points d’achat d’or, le minéral n’arrive pas toujours directement des mines à ces établissements; à plusieurs reprises l’or est acheté et vendu par des tiers, dans le commerce informel. Un mineur a expliqué que «souvent le barequero, qui réalise cette activité pour sa subsistance, achète ses vivres avec de l’or et le marchand lui donne le retour en argent, et avec  cet argent le barequero va au magasin  ou à la cantine. C’est à dire, le même commerçant devient acheteur d’or. "

L’intermédiat est l’un des mécanismes qui permettent aux illégaux d’intervenir dans le commerce de l’or pour leur propre profit. Dans le temps de paramilitaires "alias "Macaco" était le principal acheteur et c’était eux (les paramilitaires), qui décidaient quelle municipalité devait recevoir les redevances, qui étaient en général les municipalités contrôlées par eux", a répondu le mineur à sa question de pourquoi l’État ne détectait pas ces situations .

À l’heure actuelle, selon le rapport de l’Ombudsman (Defesonria del Pueblo), ce sont les narcotrafiquants qu’auraient le plus d’incidence sur  le commerce de l’or. "Dans plusieurs pays, dont la Colombie, les trafiquants de drogue achètent souvent de l’or aux mineurs informels ou l’extraient directement, et ensuite déclarent le minéral comme étant partie de la production d’une mine formelle». [4]

Le document rend également compte des mécanismes utilisés en Colombie pour blanchir de l’argent avec l’exploitation minière. " 1. L’achat de la production minérale aux mineurs locaux, même à des prix plus élevés que ceux offerts par les acheteurs finaux (à savoir, Banco de la República), afin de les faire passer comme production des mines de façade. 2. L‘importation de l’or en contrebande des pays voisins comme l’Equateur, le Venezuela et  Panama et le faire passer comme production des mines de façade. 3. Importation de machinerie d’exploitation minière achetée avec les dollars issus du trafic de drogue. "

En plus de la possibilité de blanchir l’argent avec de l’or,  il y avait d’autres facteurs dans le Bajo Cauca, qui ont accéléré la participation des groupes illégaux dans la minièrie. Des situations telles que les prix élevés des minéraux et la fumigation des cultures illicites.

Le boom de l’or et la situation critique des mineurs artisanaux

Les mineurs traditionnels de la région du Bajo Cauca à Antioquia se trouvent dans une position critique. Malgré avoir développé leurs activités pendant  des années et avoir contribué à l’économie de la région, ils sont aujourd’hui sous la pression des groupes hors la loi et en même temps, poursuivis par le gouvernement national. Une partie de cette situation s’explique par le prix élevé de l’or, qui attire de plus en plus des intérêts pour les mines, et l’éradication des cultures illicites qui a affecté l’économie des groupes armés, en leur forçant à chercher des alternatives économiques.

La crise financière mondiale, qui a dévalué les monnaies comme le dollar et l’euro ont fait dériver les épargnants vers l’or, le prix de ce mineral a atteint des niveaux records ces dernières années. D’un prix d’environ 250 $ l’once en 2001, l‘or a clôturé à 1564 $ l’once en 2011, près de trois millions de dollars à l’époque. Ce boom a augmenté la rentabilité  pour les mineurs et, à son tour, a suscité l’intérêt des agriculteurs, le gouvernement national, les multinationales et les groupes illégaux.

Selon un rapport du Service Géologique National, publié par le magazine DINERO, la production d’or de l’année dernière en Colombie a augmenté de 4,3%, passant de 53,6 tonnes en 2010 à 55,9 tonnes en 2011. La production la plus élevée a été enregistrée en Antioquia, avec 19,2 tonnes d’or, suivie par Bolivar avec 5,4 tonnes et Caldas avec 1,3 tonnes. [1]

Selon Ramiro Restrepo, président de CONARMINERCOL, 60% de la production totale d’or dans le département d’ Antioquia en 2011 provenait du Bajo Cauca. Ces niveaux élevés de production et le prix élevé du mineral font de la région une zone stratégique pour les groupes en dehors de la loi, à cause des revenus qu’ils reçoivent de l’exploitation minière.

À cela on ajoute le fait que la production de coca, une des principales sources de financement des groupes illégaux, a été affectée ces dernières années par les fumigations et l’éradication manuelle des cultures illicites, et cela sous le gouvernement précédent et la direction du Centro de Coordinación de Acción Integral (CCAI) et, présentement, par le Plan Nacional de Consolidación Territorial. Cette situation a poussé  de nombreux agriculteurs à abandonner ces plantations et se dédier à d’autres cultures ou à l’exploitation minière.

Sous ces circonstances, les groupes armés se sont concentrés plus fortement sur le secteur minier et comme il a été déjà dit,  ils extorquent, extraient leur propre or et blanchissent l’argent. Mais bien qu’il y ait des extorsions, de l’informalité et de l’illégalité dans d’autres activités économiques, le signalement du gouvernement national s’est axé sur l’exploitation minière. Les arguments principaux sont l’impact environnemental et les ressources millionnaires que seraient en train de percevoir les BACRIM et la guérilla.

Le leader mineur a dit que si la question est de protéger l’environnement et stopper l’illégalité, le gouvernement a les moyens. «Si  la porte à la légalisation est ouverte pour tous les mineurs, nous devons nous légaliser, c’est à dire, être à jour sur tout et nous laisser enquêter, donner le nom, le numéro de document d’identité et le lieu de résidence. " Il a ajouté que ceci offrirait des possibilités de formation pour l’exploitation minière durable.

Un des problèmes est que les conditions pour devenir légaux  dépassent la capacité des mineurs traditionnels, de sorte qu’ils restent dans les limbes de ce que le gouvernement considère comme légale et illégale. Cette situation a entraîné des protestations des mineurs, à l’échelle nationale, dans le  Bajo Cauca. Mais les solutions ne sont pas arrivées et les négociations avec le gouvernement vont très lentement, de sorte que le débat se poursuive sur ​​la toile.

En développement …

Or dans le Bajo Cauca, un summum des intéresses et d’une lutte pour la légalité

(Chapitre deuxième)

Yhoban Camilo Hernandez Cifuentes
Periodista egresado de la Universidad de Antioquia. Candidato a Magister en Ciencia de la Información con Énfasis en Memoria y Sociedad, Escuela Interamericana de Bibliotecología de la UdeA. Coordinador de la Agencia de Prensa IPC entre 2012 y 2018. Actualmente periodista en Hacemos Memoria. Trabajando por esa Colombia excluida y vulnerada, por aquellos que no son escuchados y por la anhelada paz. Aficionado a la literatura, al rock, a las huertas y a las buenas películas.