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Une société civile doit avoir la vérité, la justice, la réparation et la non-répétition: IPC

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Traduction Maria del Socorro Alzate S.

Pour l ‘IPC- Instituto popular de Capacitatión (en espagnol), ONG reconnue comme sujet du recours collectif de réparation par l’Unidad para la Atención y Reparación Integral de las Víctimas en  RESOLUCION No. 2013-295545 DU 1er  NOVIEMBRE DE 2013, il est très important  que les processus de vérité, justice, réparation et non-répétition  se réalisent de sorte que la "non répétition"  soit une condition dans la construction d’une société démocratique qui respecte les droits humains, dans le contexte d’une culture politique où le traitement des conflits est un scénario d’élaboration de diversités et de débat et non pas d’exclusion de contraires ou d’imposition de la peur comme un mécanisme de réglementation pour soumettre la société aux intérêts des secteurs de pouvoir et d’élites qui cherchent le contrôle territorial pour imposer leurs intérêts économiques et politiques.

Malgré les faits qui sont censés nous faire disparaître en tant que institution défenseure des droits humains et qui furent exécutés par le groupe paramilitaire AUC (Autodéfenses Unies de Colombie) entre les années 1999 et 2000  (enlèvement, attentat à la bombe au  siège social de l’IPC et menaces à l’équipe de recherche de l’observatoire des DH). Ces crimes ont été reconnus par Diego Fernando Murillo, alias Don Berna, ceci constitue une partie de la vérité, car lui-même n’a pas  dit dans sa version de quelle façon  ces faits étaient liés à la dynamique de la macro-criminalité et qui était derrière ces faits, quels acteurs du gouvernements, des élites politiques ou économiques-étaient intéressés à réduire au silence ou éliminer ceux qui  entravaient leur projet de "restructuration du pays" pour accroître de plus en plus  l’expansion du contrôle sur le pays.

Selon les précédents immédiats aux agressions desquelles nous étions victimes, une recherche documentaire a montré à partir des années 90  nous critiquions  la formation des groupes de sécurité privée CONVIVIR,  promues par Alvaro Uribe Velez gouverneur d’Antioquia de 1995 à 1997, Président de la République entre 2002 et 2010 et aujourd’hui sénateur de la république.

Donc, pour le rapport sur les droits humains publié en 1997, nous avons déclaré que "Au cours de l’année 1996, en Colombie, en particulier en Antioquia, le phénomène paramilitaire a atteint un niveau élevé de développement, de consolidation de l’organisation et de contrôle du territoire, en plaçant grandes zones géographiques  sous leur influence "… cette situation renforce un processus de réforme agraire des propriétaires fonciers privés induite par l’élite qui regroupe et soumet des masses entières de personnes aux grands propriétaires qui  en même temps donnent leur appui à l’organisation paramilitaire et qui façonnent de nouveaux rapports sociaux qui fonctionnent dans la logique de guerre : "qui offre une protection exige l’obéissance."

Il a été énoncé  que pour certains cas, il y a des doutes sur la participation des agents de l’État  dans des massacres comme le «Altavista». Nous avons déclarés que  même s´il n´y a pas de relation directe organique entre les forces de sécurité de l´Etat et les groupes de justice privée ou paramilitaires, du moins, ce n’était pas très clair comme l’ont montré trop de similitudes entre les actions de ceux-ci.

Il a été mentionné également, qu´il y a eu une croissance inhabituelle des Coopératives de sécurité privée CONVIVIR,  conduite avec beaucoup d’enthousiasme par l’administration départementale (nous nous référons au gouverneur de l´époque, Alvaro Uribe Vélez) et  bien accueillie par les principaux secteurs d’activité, en particulier pour les grands éleveurs de bétail. Dans le rapport publié en 1998 nous nous opposons a la configuration des coopératives CONVIVIR   puisque c´était pour nous une façon de légaliser les groupes d’autodéfense. Nous avons  aussi dit qu’en 1997 les organisations paramilitaires ont progressé à l’unisson des Coopératives CONVIVIR. La création des CONVIVIR était à l´opposé  de notre approche de cette réalité qu´était la "neutralité active" recherchant un traitement non violente des conflits.

Jenny Pearce a écrit dans le prologue de notre rapport «Guerre, paix et Droits Humains à Antioquia" (Juillet 1998 – six mois avant l’enlèvement de nos camarades) que « (la société d´Antioquia) …est une société « non civile » où la raison n´est pas prédominante parmi les groupes armés, ni les arguments, ou les normes universelles de justice. Parmi les statistiques les plus effrayantes dans ce rapport sont les décès de 1548 civils en Antioquia en 1997, contrairement à la mort de 458 membres des groupes armés. Dans ce contexte, l’idée de donner plus d´ armes aux civils pour encourager la civilité, par exemple a travers les CONVIVIR a donné au contraire comme résultat un effet pervers » (IPC 1998: XXII).

Cela conduit à la proposition suivante:
La configuration des structures paramilitaires en Colombie répond à un projet politique qui se sert des structures paramilitaires pour déployer une stratégie de contre-insurrection.

Pour les acteurs  représentant cette élite, le sens de la stratégie de contre-insurrection n’est pas seulement contre l’insurrection armée (des guérilleros ou des milices), mais contre des acteurs de la société civile qui ne partagent pas leur projet de concentration de la richesse (de terre et du capital) ni le maintient du contrôle du territoire pour empêcher une citoyenneté active. Ce projet cherche une citoyenneté soumise, à qui après avoir montré la puissance de destruction, la dépossession, le déplacement et la mort, lui impose la peur comme inhibiteur d’une alternative sociale aux intérêts qu’ils représentent (les groupes élites). Tous ceux qui ne sont pas en accord avec ces intérêts sont dits subversifs. Les stratégies de stigmatisation et de criminalisation des acteurs sociaux mènent à  l’assassinat et à la répression  des défenseurs des droits humains ainsi qu’à  l’extermination des mouvements politiques tel le cas de l’UP (Parti politique Union Patriotica).

En ce sens, nous partageons les idées présentées par «La Salle (conseil) de connaissance de Justice et Paix de la Haute Cour(Tribunal superior –dans l´original en espagnol) de Medellín dans le procès verbal de l’audience tenue le jour 4, 5 et 6 Septembre 2013, où la décision de déclarer légales les accusations portées contre sept postulats du Bloc Cacique Nutibara (Groupe paramilitaire) qui stipule que «l’émergence et l’expansion de groupes paramilitaires, contrairement à ce qui a été affirmé dans de nombreux secteurs, n´est pas  l’absence de l’État […]. Mais au contraire, sont nés et grandis la  où il y avait la présence de l’État et des Forces Armées et étaient a la pair de celles-ci […] ».

Encore selon La Salle de Connaissance de Justice et Paix de la Haute Cour de Medellín: «Cela montre la relation étroite entre les Forces Armées, les groupes paramilitaires  et les CONVIVIR, leurs buts et objectifs communs et indique qu’il y avait une politique de guerre sale pour lutter contre les insurgés, les dissidents politiques et certains mouvements et dirigeants sociaux. Dans ce processus ont été impliqué des grands secteurs des classes dirigeantes, des entreprises privées et  des narcotrafiquants, dans un partenariat ou une alliance criminelle avec des intérêts, des objectifs et des ressources communes et  qui les rend responsables "…" Les groupes paramilitaires ont été le résultat d’une politique de l’Etat. Sa création et  son expansion était un objectif commun d’une grande partie de celui-ci, l’armée et la société civile. Cela a été  possible grâce au financement de l’entreprise privée, les narcotrafiquants et l’alliance entre eux. Les autres étaient complaisants ou tolérants envers ce phénomène. C’est seulement de cette manière qu’on peut  expliquer le fait que, dans un si court laps de temps  (quelques années), les paramilitaires aient pris le contrôle de l’ensemble du pays».

Aussi, nous partageons la décision du conseil, entre autres de ; «2. Délivrer une copie de cette décision, preuves à l’appui, afin d’enquêter sur l’ancien président Álvaro Uribe Vélez pour son rôle dans la promotion, l’organisation et le soutien à des groupes paramilitaires et des associations CONVIVIR qui lui sont liées directement, par action ou omission et/ou leur travail qui va de concert avec eux, non seulement en tant que gouverneur d’Antioquia, mais plus tard aussi en tant que Président de la République. En conséquence, les copies sont envoyées à la Commission d’accusations de la Chambre des Représentants ". De plus, "6. La Fiscalia (organisme qui enquête en Colombie) doit enquêter et faire un rapport à ce Conseil des processus menées contre les entrepreneurs privés mentionnés dans la présente décision et d’autres personnes engagés dans la promotion, l’organisation, le financement et le soutien des groupes paramilitaires et l’état de l’enquête sous-jacente ».

Notre deuxième thèse explicative du pourquoi nous avons été agressés : Devant  un projet de société "non civile “, la proposition de mettre en place une société civile active (comme nous l´avons proposé dans le rapport mentionné) constitue un frein à leurs stratégies pour  convertir la société civile en un acteur de la guerre. A propos de notre travail (Vers où va la Colombie: une vue de Antioquia, 1997 XXI dans le prologue), l´historienne Maria Teresa Uribe H., a déclaré :

"En ce moment fatidique de la vie régionale, quand  résonnent dans des bureaux du gouvernement et dans certains milieux d´affaires et de la sphère privée, des voix appelant à parvenir à la paix par la guerre, il est très encourageant de voir la publication de ce rapport (1997) dont le sens est de développer des actions ouvertes et pour le public, avec le but de rechercher la transparence dans les actions de l’Etat et d’autres forces impliquées directement ou indirectement à la guerre et continuer à croire en la vertu de la parole pour changer et transformer les situations de  détérioration des conditions politiques et humanitaires; ce n’est rien d’autre que le plein exercice de la citoyenneté et une contribution importante à l’extension et la consolidation de la même  ".

Donc nous croyons que  le seul moyen aujourd’hui d’éviter la répétition historique de ces faits, est le renforcement d’une culture politique en faveur de la démocratie, de la réalisation des droits humains et apprendre à gérer les conflits sans armes, en se servant du dialogue et non dans le contexte de la guerre. Également, le meilleur acte de justice est d´avoir la responsabilité de préserver les institutions de l’Etat pour la démocratie et arrêter définitivement ceux qui favorisent la guerre et qui veulent consolider de plus en plus une société "Non civile" qui n´est qu´un terrain fertile pour tous les acteurs armés et pour une reproduction permanente de la victimisation des défenseurs des droits humains et des dirigeants sociaux et politiques. Sans au moins ce frein pour enrayer la progression de ce projet de " non citoyenneté",  la société démocratique et respectueuse des droits humains sera de plus en plus une chimère.

Par conséquent, si la version, dans ce cas de Diego Fernando Murillo, alias Don Berna ne transcende pas la version incomplète dans laquelle les noms des auteurs, représentants des élites politiques, économiques et militaires, ne sont pas dévoilés, nous sommes d´accord avec la salle (Conseil) comme quoi ces personnes ne doivent pas avoir les bénéfices du processus de justice et  paix et doivent être exclus du même.

Il nous semble aussi que le manque de profondeur dans l’enquête sur les faits, de la part du procureur,  ne contribue pas au processus de clarification et nous ne sommes pas d´accord avec la contre-accusation  de sa part aux deux juges de la salle (Conseil)  qui ont eu le courage de mettre sur la table l´analyse du contexte, où par rapport  à la demande d’enquête sur l’ex-président et aujourd´hui sénateur Álvaro Uribe Vélez, stipule que:

«Il n´est pas possible d’ignorer tout ce qui se passe dans ces cas, ou tous ces faits ont eu lieu a son insu, ou ils ont été commis, comme beaucoup d’autres qui sont attribués à ses plus proches collaborateurs et qu´il  (A. Uribe Velez) ne pouvait pas ignorer les actes commis contre la Cour Suprême de Justice … Bien sûr, il y a aussi des preuves à cet égard, comme Pablo Hernan Sierra, connu sous le nom Alberto Sierra, commandant du Bloque Cacique Pipinta et Alcides de Jésus Durango, connu comme René, commandant du Bloc paramilitaire du Sud-Ouest et autres. Mais la question n’est pas de témoignage. Elle est logique et de logiques. Comme à déclaré  le directeur du journal de El Espectador, vous ne pouvez pas être dans une piscine sans vous mouiller».

Institut de formation populaire – IPC
9 juin 2014
Medellín

Note : Ceci est une traduction libre.