La rencontre avec les paysans a eu lieu à Macondo de Turbo, Urabá Antioqueño, où 600 familles seraient retournées sans accompagnement institutionnel. Faute de restitution, les requérants retournent pour leur propre compte sur les terres en Urabá
Traduction Trommons: http://trommons.org/
Deux avocats anglais et un espagnol ont visité la petite ville de Macondo, dans la municipalité de Turbo, pour constater la situation des requérants de terres attaqués et menacés après avoir initié une opération de restitution de leurs terres sans le soutien des autorités.
La visite a eu lieu pendant la quatrième Caravana Internacional de Juristas, qui s’est tenue dans différentes villes de Colombie les 25, 26 et 27 août 2014 avec des avocats du Royaume-Uni, du Canada et du Pérou.
« Après avoir parlé avec les paysans – de Macondo, Urabá – nous en sommes venus à la conclusion que leur situation est vraiment préoccupante et nous essaierons de faire connaître leur réalité au monde entier, il est inadmissible que de telles choses continuent à se passer dans ce pays » a dit Fernando Piernavieja Niembro, avocat espagnol ayant participé à la Caravana.
Pour le juriste, ce qui se passe avec ces paysans qui n’arrivent pas à récupérer leurs terres et qui ont été menacés simplement pour y être retournés, « c’est une exploitation économique menée par les grandes entreprises. »
Cette évaluation a été réalisée sur base des témoignages de quelques paysans qui, face à la non-restitution des terres et aux problèmes économiques, sociaux et familiaux, avaient décidé de retourner pour leur propre compte sur les terres que les entrepreneurs agricoles leurs avaient prises, ceci a priori grâce au soutien des forces illégales autodéfenses colombiennes, pendant les violences paramilitaires entre les années 1994 et 1996.
Lors de l’audience, les cultivateurs ont décrit la manière dont ils avaient été supplantés et dépouillés de leurs terres; par le biais de menaces, de meurtres sélectifs, d’achats forcés de propriétés et de tromperies. Ils ont également ajouté que leurs biens sont toujours entre les mains des grandes entreprises agricoles, et qu’ils sont menacés et agressés par les administrateurs afin d’abandonner les terrains sur lesquels ils sont retournés.
Les attaques qu’ils ont dénoncées comprenaient, par exemple, la destruction de la culture qui constituait leur pain quotidien, le vol de bétail, le meurtre de chiens, la destruction de clôtures et des coups de feu en l’air pour faire peur aux familles qui y revenaient.
Les hameaux les plus ciblés sont La Eugenia, Villa Rosa, Cuchillo Negro, El Caimán et Guacamayas, où se situe l’entreprise Guacamaya S.A. dont l’administrateur, Aicardo López, a été accusé de commettre les pires intimidations.
La situation de ces paysans est d’autant plus grave que, selon eux, certaines institutions de la municipalité et de la sous-région d’Urabá ne répondent pas à leurs plaintes au sujet des intimidations, ils ne tentent pas de les protéger, ils gênent les opérations de réclamation et de restitution des terres, et ils avancent des plans d’expulsion à la demande des entrepreneurs. À ce sujet, on a écouté des plaintes sur le ministère public, le parquet général, l’unité de restitution de terres, la police, la commune de Turbo, et les inspections municipales.
Ainsi, Fernando Piernavieja a conclu que « la loi numéro 1448 qui a de très bonnes intentions, mais qui est en train d’être boycottée en pratique à cause de problèmes bureaucratiques, de retards, et parce que certaines personnes, ayant des titres de propriété ou des jugements en leur faveur, n’ont pas pu reprendre possession de leurs terres en raison de la pression et des menaces. »
L’avocat a donc considéré que le cas des requérants de Macondo pourrait être porté à la Cour interaméricaine des droits de l’homme, car la « violation des droits fondamentaux du peuple est manifeste – bien réelle – et, dans certains cas, elle vient même de l’État. » Il a toutefois clarifié que pour porter le procès à cette Cour, il faudrait épuiser toutes les instances juridiques de Colombie.
Caravana Internacional de Juristas
L’objectif de la Caravana Internacional de Juristas est de renforcer les relations entre les avocats colombiens et les juristes d’autres pays; de sensibiliser la société au rôle des avocats dans un système démocratique; d’examiner le niveau d’accès à la justice pour les victimes de violations des droits de l’homme et les stratégies protectrices pour l’application de la Loi en Colombie.
À Antioquia l’organisation de la Caravana a été soutenue par la Corporación Jurídica Libertad, qui a reçu en Urabá de l’aide de la part de la Asociación Tierra y Vida, de la Fundación Forjando Futuros et de l’Instituto Popular de Capacitación -IPC pour la réalisation de l’audience avec les requérants de Macondo.
Le thème central de la quatrième Caravana Internacional de Juristas était la situation des avocats qui représentent les requérants de terres et les autres victimes de violations graves des droits de l’homme. Les membres de la commission ont rassemblé des informations et se sont familiarisés avec des cas emblématiques de menaces envers des avocats et des requérants de terres.
Fernando Pierna Vieja