Un groupe d’hommes masqués a agressé des demandeurs de restitution de terres à Urabá

Traduction par trommons

Quatorze familles du « corregimiento » (division territoriale dirigée par un représentant ou « corregidor »)  Nuevo Oriente de la localité de Turbo ont été agressées le mardi 10 février 2015 par un groupe d’environ 80 hommes, dont certains portaient des masques, qui est entré dans ce village de l’Urabá Antioqueño avec des bâtons, des machettes et, à ce qu’il semble, des armes de poing.

Pendant l’incursion, qui a eu lieu vers 19h00, selon la plainte de la fondation Forjando Futuros, le groupe a intimidé et frappé plusieurs des personnes vivant sur les lieux, pour la plupart des victimes demandant la restitution de terres reprises, sans soutien institutionnel. Les hommes masqués ont de plus détruit des maisons et lancé des gaz lacrymogènes dans la demeure d’une des personnes.

À en croire le témoignage d’un des paysans affectés, qui a demandé à préserver son identité, quelques jours avant cette incursion, des personnes en uniforme se présentant comme policiers de Chigorodó ont convoqué les paysans à une réunion, au cours de laquelle ces derniers se sont vus retirer leurs machettes.

« Le lundi – 9 février 2015 – la Police de Chigorodó nous a réunis dans la ferme de Jaime Uribe – près du lieu où les demandeurs de terres ont construit leurs ranchs – , en disant qu’ils avaient reçu un appel disons que nous étions armés et qu’il y avait parmi nous des infiltrés, mais ils ,’ont rien trouvé sur nous, et ils ont emmené les machettes qu’ils nous avaient prises à notre arrivée à la réunion », a dénoncé le laboureur affecté.

Le paysan a dit qu’il se trouvait dans son ranch lorsque le groupe d’hommes est arrivé en le menaçant et en lui criant de quitter la maison. « Moi, j’ai soutenu que j’allais rester et donc ils m’ont dit : «sors immédiatement ou on ne peut pas garantir que tu restes en vie.» Quand je suis sorti, ils ont pris mes affaires et les ont jetées sur le terrain d’une ferme voisine. Ensuite ils se sont rendus dans les maisons voisines, ont perturbé les gens qui y vivaient et ils ont pris le téléphone mobile d’une indigène, qui allait les enregistrer avec, et ils ne le lui ont pas rendu. De leur côté – les agresseurs – , eux, ont pris des photos des paysans et des maisons. »

Le lieu où se sont déroulés ces faits est situé dans le voisinage immédiat d’une propriété de Fabio Moreno, dans la zone où, le 21 octobre 2014, 4 topographes de la Fondation Forjando Futuros ont été menacés, au moment où ces derniers se préparaient à réaliser un relevé topographique des sites faisant l’objet d’une procédure de réclamation.

 

Les agressions sont systématiques

Aux faits survenus à Nuevo Oriente s’ajoutent les dénonciations faites le mardi 10 février 2015, par certains demandeurs du « corregimiento », ainsi que dans la localité de Turbo, qui ont déclaré que des membres de l’armée en uniforme s’étaient rendus dans le sentier Cuchillo Negro pour intimider les gens en les menaçant de les déloger.

Ces actions de l’armée contreviennent à la décision judiciaire émise par le juge de la Première juridiction civile des juridictions spécialisées en Restitution de terres de Quibdó, qui, le 12 décembre 2014, a ordonné de ne PAS procéder à davantage d’expulsions dans les localités de Macondo, Blanquicet et 36 autres « corregimientos » de la localité de Turbo qui forment le Conseil communautaire de La Larga Tumaradó.

Dans l’arrêt, la juridiction en charge des terres a reconnu la qualité de victimes de déplacement et d’expropriation aux paysans qui ont repris leurs terres sans soutien institutionnel. Ils ont également été reconnus comme demandeurs légitimes de terres.

Il faut encore ajouter que la semaine passée, avant la réalisation d’une assemblée de demandeurs visant à intégrer socialement ce jugement, l’ex-président Álvaro Uribe Vélez, Sénateur de la République à l’heure actuelle, s’est lancé dans une série de diatribes , s’en prenant aux demandeurs de Macondo – en les taxant d’envahisseurs – et contre la fondation Forjando Futuros.

Dans ses tweets, Uribe Vélez a défendu des entrepreneurs d’Urabá qui possèdent aujourd’hui les terrains réclamés par les victimes, parmi lesquelles : Adriano Palacios, appréhendé pour dépossession de terres, le 27 mars de 2014, qui selon certaines versions librement interprétées dans Justicia y Paz, financerait des paramilitaires; Humberto Duque, qui dans sa ferme (Guacamayas) a vu  : 40 paramilitaires patrouiller, selon des aveux dans Justicia y Paz; Joaquín Suárez et Fabio Moreno, ce dernier étant propriétaire de la ferme Monteverde, où le mardi 10 février 2015 a eu lieu l’incursion.